SEULES (LES)

Claire Genoux



Éditeur :Editions Unes


Livre

Langue d'origine :français

Format :15,0 x 21,0 cm

Nombre de pages :136

Date de parution :05/02/2021

ISBN :978-2-87704-225-3

Prix :21,00 €

Argumentaire :

Que font les seules, prisonnières d’un paysage d’hiver, entre les baraquements, les barbelés, les coups ? Des voix d’enfants, la neige, le marais gelé, les arbres. Les corps coupés tombés des wagons. Elles disparaissent, entre les cris des hommes, les fusils qui résonnent à l’autre bout de la forêt, les chiens. Ces femmes privées de mère, seules sous les feuilles, laissées là au centre d’une angoisse plus grande, dans le poing fermé de l’histoire et de la violence. À la fois violentées et oubliées, prises dans la lenteur d’un labeur quotidien, la répétition, un cercle autour des âmes, des numéros tatoués sur les bras, et les « cœurs un peu courts ». Elles sont sous une menace permanente, obscure, on ne voit pas bien, c’est toujours comme un poids, une blessure, une brume, dans le dos. Où sommes-nous ? Est-ce l’hiver, la mémoire, les planches ? Entre la forêt et le lac. Les rails. La maison. Claire Genoux étend une brume tout en évocations de corps brisés, solitaires, en passages furtifs sur la terre froide, le brouillard sur la rivière, les chambres vides – des échos – des fantômes passent. Toujours très silencieusement. Les seules sont des victimes muettes, encore à demi enfoncées dans l’enfance, aux existences traquées, de pierres et de plomb. Elles habitent encore la grande maison, elles ne partiront pas. Elles cherchent, à force de persévérance, à frotter la porosité des mondes. Elles gardent la disparue et les souvenirs, et tout s’efface autour, c’est leur résistance, car les hommes « ne viennent jamais rechercher ce qui reste ». On voudrait les arracher à la mémoire, à l’enfance. Forcer leur passage, franchir leurs sexes et leurs langues. Déposer des enfants entre leurs cuisses. Entre suture et expulsion. Chassées par le pas lourd des hommes, qui pénètrent les espaces intimes, saccagent les chambres et écrasent en passant l’herbe et les corps au fond desquels elles ont caché leur solitude. Leurs corps en forme de vêtements abandonnés dans le hall délabré. Alors elles font les absentes, prennent le visage des spectres. Elles laissent les hommes les traverser sans rien dire, et les écraser d’enfants à naître, qui seront emportés. Tas de pierres, berceaux vides, sans un nom. Les seules restent là, à ne peser plus rien que le poids des âmes oubliées entre les arbres.

Biographie ou Bibliographie de l'auteur :

Claire Genoux est née à Lausanne, en Suisse en 1971. Diplômée en Lettres de l’Université de Lausanne, elle enseigne à l’Institut Littéraire Suisse de Bienne. Elle publie en 1997 son premier livre de poésie, Soleil ovale, aux éditions Empreintes. Elle poursuit une œuvre qui explore le deuil et la mémoire, entre présences fugitives et évocations des lieux de l’enfance, marquées par l’hiver et la neige. Outre la poésie, elle publie également des nouvelles (Poitrine d’écorce en 2000 ou Ses pieds nus en 2006 aux éditions Bernard Campiche), ainsi que des romans (La barrière des peaux en 2014 aux éditions Bernard Campiche, et Lynx en 2018 aux éditions José Corti). Lauréate d’une bourse d’écriture de la Fondation Leenaards et de la bourse Pro Helvetia de la Fondation suisse pour la culture, elle a également obtenu le prix Ramuz de poésie en 1999 pour son recueil Saison du corps et le prix Alpes-Jura pour Orpheline en 2016.