EVA GONZALÈS – RENCONTRE AVEC UNE JEUNE FEMME MODERNE

EVA GONZALÈS - RENCONTRE AVEC UNE JEUNE FEMME MODERNE

Élisabeth Jacquet



Éditeur :L'Atelier contemporain


Livre

Langue d'origine :Français

Format :16,0 x 20,0 cm

Nombre de pages :160

Date de parution :11/20/2020

ISBN :978-2-85035-015-3

Prix :25,00 €

Argumentaire :

Aux dires d’Élisabeth Jacquet, ce livre partait comme un roman : « Cédant au narcissisme contemporain et tapant un jour son nom sur un moteur de recherche, mon héroïne aurait vu son existence virtuelle supplantée par celle d’une femme du temps passé, mieux référencée sur les pages web. » Cette femme, c’est Eva Gonzalès (1847-1883), amie et seule élève de Manet, auteure d’une œuvre peinte trop tôt interrompue par la mort et, sinon héroïne contemporaine, du moins jeune femme moderne. Bien digne de cette étrange genèse, l’ouvrage adopte une forme singulière où se mêlent monographie, enquête biographique, roman et autobiographie.
De fait, l’image de cette artiste femme dans un milieu d’hommes, peinte par Manet puis se peignant elle-même, offre à l’auteure le reflet mi-concret, mi-fantasmé d’une vie et d’une époque à l’aune desquelles elle peut dès lors appréhender la spécificité des siennes. Face aux tableaux et aux documents, c’est avec sympathie que le regard d’Élisabeth Jacquet se porte sur tout ce qui fait signe : expressions du visage, postures du corps, habillement, lieux et objets. Pour finir, de telles observations bien senties – par exemple – sur la relative claustration d’une peintre dont les confrères se tournaient de plus en plus vers le dehors, contribuent à éclairer son statut de femme non moins que son œuvre d’artiste : « La rue : masculin. L’architecture : masculin. La gare : masculin. […] Le salon : féminin. L’intérieur : féminin. Le balcon : féminin. »
Sa méthode n’empêche donc pas, bien au contraire, le livre d’Élisabeth Jacquet de proposer une reconstitution approfondie et salutaire de la figure d’Eva Gonzalès en son époque. Quoique cette reconstitution gravite bel et bien autour de quelques autres personnages récurrents non moins finement portraiturés – Manet et Berthe Morisot, bien sûr, mais également la famille et le mari de l’artiste, qui formaient son cercle le plus proche –, elle n’en néglige pas pour autant un contexte historique, intellectuel et artistique plus large, et se hisse de la sorte au rang d’une vraie contribution à l’histoire de l’art.
S’il est cependant un point où l’ouvrage d’Élisabeth Jacquet se singularise entièrement, c’est cette forme kaléidoscopique, éclatée et ouverte, intégrant clichés numériques et captures d’écran, qui tâche d’épouser au plus près les heureux hasards de la recherche. De fait, tout l’ouvrage est traversé par une question dont il semble presque être le fruit : comment regarder les œuvres d’art à l’heure de leur reproductibilité technologique ? Comment rendre compte à travers notre prisme contemporain d’une sensibilité façonnée par des normes si différentes ? Qu’est-ce qui résiste et relie, et justifie pareille tentative ? – Ce livre, dans sa forme même, essaie une réponse.

Biographie ou Bibliographie de l'auteur :

Élisabeth Jacquet est auteure de littérature contemporaine. Son écriture s’organise autour de différentes questions : que devient l’écrit à l’ère du tout écran ? Comment la littérature peut-elle intégrer les rythmes de notre époque et trouver une temporalité qui lui soit propre ? Que reste-t-il de spécifique au livre qui peut résister aux flux de l’hypermédiatisation du monde ?
Elle travaille diverses formes de narrations : autour de la lecture (Les grands parcs blancs, Flammarion, 2001), du catalogue de meubles décliné de manière affective et sentimentale (Dans ma maison, notre catalogue, Melville/Léo Scheer, 2003), de la modernité d’une héroïne d’un grand roman du XIXe siècle (Anna Karénine, c’est moi, Philippe Rey, 2010), du souvenir d’enfance (Quand j’étais petite, éditions de l’Attente, 2012) ou du concept de mari (Mon mari et moi/Petite exploration conjugale, Serge Safran éditeur, 2017).
Avec nous on sera vingt-sept (Comp’Act, 1996) évoquant une soirée entre amis et Le retour des semelles compensées (L’Act Mem, 2009) traitant de la condition des femmes dans nos sociétés de consommation ont récemment fait l’objet d’une réédition en un seul volume : Avec nous/Le retour (éditions de l’Attente, 2019).
Chacun de ses ouvrages possède sa singularité, ouvre un espace particulier.