livre (Le)

Julien Blaine


Éditeur :Al Dante / Presses du réel


Livre

Langue d'origine :Française

Format :12,0 x 17,0 cm

Nombre de pages :208

Date de parution :05/01/2019

ISBN :978-2-37896-055-1

Prix :17,00 €

Argumentaire :

Dès ses premiers gestes, le chantier poétique de Julien Blaine s'affirment dans une recherche inlassable des écritures originelles ; de celles qui furent brûlées, détruites, salies, oubliées, déformées ou ridiculisées par les différents monothéismes. Ainsi, il écoutera et dialoguera avec la nature (les Poëmes soumis à la pluie de 1958) et les animaux (l'interview aux éléphants de 1962…) ; partira à la rencontre des indiens rescapés du génocide US, des Bamilekes rescapés des colonisations allemande puis française… réveillera la Pythie pour qu'elle puisse de nouveau, souveraine, délivrer ses oracles ; ira au fond des grottes du monde, afin de déchiffrer les mystérieux enseignements laissés des aurignaciens aux aziliens ; ravivera des univers oubliés dans la confrontation des mots des Poëmes métaphysiques…
Le livre, écrit en 1965, est une fable originelle en guerre contre les livres fondateurs des monothéismes (juif, arabe, chrétien), tout d'abord par ce qu'il raconte – de la violence des pulsions de vie et d'un langage qui se creuse et s'invente dans la chair d'une nature dont nous faisons partie –, mais également en combattant la toute-puissance du livre. Car, comme dis Julien Blaine : « Lisez Le Livre (« Je sors de là ») mais ne prenez à votre profit que ce que vous estimez juste et beau. » Entendez : Méfiez vous du livre. Prenez dedans ce dont vous avez besoin, mais n'hésitez pas à le détruire – commencez par celui-ci.
Publié une première fois en 1965, en version compactée, dans la revue Ailleurs (créée et dirigée par Carmelo Arden Quin), voici enfin, 49 ans plus tard, Le livre dans sa version dépliée en… livre.

Biographie ou Bibliographie de l'auteur :

Dès le début des années 1960, Julien Blaine (né en 1942, à Rognac, vit et travaille à Marseille) propose une poésie sémiotique qui, au-delà du mot et de la lettre, se construit à partir de signes de toutes natures. Forcément multiple, il se situe à la fois dans une lignée post-concrète (par son travail de multiplication des champs sémantiques, en faisant se côtoyer dans un même espace des signes – textuels, visuels, objectals – d'horizons différents) et post-fluxus (dans cette attitude d'une poésie comportementale, où est expérimentée à chaque instant la poésie comme partie intégrante du vécu). Mais avant tout, la poésie s'expérimente physiquement : elle est, d'évidence, performative. Ses performances sont nombreuses, qui parfois le mettent physiquement en péril (Chute, en 1983, où il se jette du haut des escaliers de la gare Saint-Charles à Marseille : violence de cette dégringolade incontrôlable, et la réception, brutale, au sol, quelques centaines de marches plus bas… puis Julien Blaine met son doigt sur la bouche et, sous l'œil d'une caméra complice cachée parmi les badauds médusés, murmure : « chuuuuut ! »). Mise en danger du corps, et mise en danger du poète, qui toujours oscille entre grotesque et tragique, dans une posture des plus fragile, car « le poète aujourd'hui est ridicule ». Performances, livres, affiches, disques, tract, mail-art, objets, films, revues, journaux… sa production est multiple, mêlant éphémère et durable, friable et solide. Pas un outil, un médium qui ne lui échappe. Mais rien qui ne soit achevé, arrêté. Car pour Julien Blaine la poésie est élémentaire, tout ce qu'il produit est fragment, indice d'un travail toujours en cours, document d'un chantier poétique à chaque instant renouvelé. Tous ces « résidus » doivent être lus en soi et en regard de ce qui nous entoure.