Périphérie #12

Poésies de Belgique

Poème2
(Bruxelles)

Lancement de l’invitation belge au Marché de la Poésie, à Bruxelles, en compagnie de poètes wallons et flamands. Avec Laurence Vielle, Werner Lambersy, William Cliff, Antoine Boute, Maxime Coton, Roland Jooris, Miriam Van Hee, Elke de Rijcke, Delphine Lecompte, Annemarie Estor.

organisée avec Poème 2, la Promotion des lettres belges de langue française et le Fonds flamand des Lettres

Biographies


Antoine Boute

Antoine Boute est l’un des représentants les plus emblématiques de la poésie expérimentale en Belgique. Son œuvre, plurielle, se caractérise par une singularité forte, une identité tout à la fois propre et hybride, mutante, inquiétante, excitante. Philosophe, écrivain, poète sonore, pornolettriste, prophète conceptuel et naturaliste, il s’adonne également à la poésie graphique, à l’écriture collective, aux pratiques collaboratives, et est organisateur d’évènements. Chez lui, les démarcations entre fiction et réalité, musique et langage sont incertaines. Sa poésie s’invente dans la dissolution des frontières, se libérant de la page imprimée. Incarnée, elle aboutit dans certains cas à la productions de véritables “situations”, au sein desquelles l’action première (l’intervention, l’amorce) doit avoir valeur de déclencheur ou de foyer autour ou à partir duquel s’organisent idées, actions, gestes, initiatives et histoires. Auteur de plusieurs livres, il est un performeur prolifique et collabore à de nombreux projets, tant poétiques que musicaux, multimédias, ou vidéographiques.


William Cliff. Photo Alice Piemme


Maxime Coton

Maxime Coton
Né en 1986. Longtemps multi-tâches. Se consacre désormais à la littérature sous différentes formes et divers supports.
2004 : La biographie de Morgane Eldä, poèmes, éd. Tétras Lyre
2011 : Le geste ordinaire, poèmes, éd. Esperluète
2013 : Où votre œil s’efface, poèmes, éd. Atelier du Hanneton
2014 : L’imparfait des langues, poèmes, éd. Arbre à paroles
2014 : Resplendir, nouvelles, éd. Esperluète


Annemarie Estor. Photo Lex van Der Wagt

Annemarie Estor (1973) est née aux Pays-Bas, mais habite Anvers. Elle a étudié Cultuur- en Wetenschapsstudies au Maastricht University et elle passe son doctorat avec la thèse : Jeanette Winterson’s Enchanted Science. Les éditions Wereldbibliotheek ont publié Vuurdoorn me en 2010 et en janvier 2011 elle reçoit le Prix Herman de Coninck pour le meilleur premier recueil. En 2012 elle publie le poème long De oksels van de bok, couronné en 2013 avec le Prix Herman de Coninck pour le meilleur recueil. Avec Lies Van Gasse elle a travaillé pendant quatre années au projet Kaspar Hauser.


Roland Jooris. Photo Filip Claus

Roland Jooris (1936) n’a publié en une quarantaine d’années qu’un nombre restreint de recueils de poèmes, qui lui ont toutefois valu une solide réputation. Dans le sillage de l’expérimentalisme de l’après-guerre, il publie à la fin des années 50 quelques recueils hermétiques, qu’il reniera par la suite. Ce n’est que dix ans plus tard qu’il débute à nouveau, avec des poèmes relevant du nouveau réalisme. Dans sa poésie, Jooris part à la recherche des points de contact entre le poème et la réalité. Par la suite, la réalité continue d’être le point de départ de son œuvre, mais l’auteur essaie de l’épurer encore davantage et de la transformer en une donnée de quiétude, d’imagination et de spiritualisation. La poésie de Jooris évolue progressivement vers plus d’ascèse langagière et de sérénité, allant de la visibilité concrète à une contemplation plus abstraite, de l’euphorie provoquée par la réalité comme poésie, à un épurement de la poésie comme réalité. Sa poésie se distingue par sa grande capacité plastique, par la pureté des lignes et de l’expression. La poésie française (André du Bouchet et Pierre Reverdy, par exemple) joue un rôle important dans ses écrits, tandis que la peinture constitue une seconde source d’inspiration. Avec Bart Van der Straeten il a publié en 2014 Sculpturen, une anthologie qui présente son œuvre.


Werner Lambersy

Werner Lambersy (Anvers, 1941 ) vit et travaille à Paris. En 82, il intègre le Centre Wallonie-Bruxelles. Poète important dans le domaine francophone, variant le ton et la forme, de l’extrême dépouillement à une respiration ample, sa poésie poursuit une méditation ininterrompue sur le dépassement par l’amour et l’écriture. Traductions dans plus de 20 langues. Les revues NU(e) et Le Non-dit, après à l’index , viennent de lui consacrer un numéro. A noter : Maîtres et maisons de thé , plusieurs recueils chez Le Cormier, Labor, Dur-an-ki, Les Eperonniers, Cadex, Phi, Le Dé bleu, L’Age d’Homme , L’amourier, , Le Taillis pré, Hermaphrodite, Dumerchez, Rhubarbe, les éditions du Cygne ou Rougier V. Deux anthologies personnelles : Présence de la poésie (Les Vanneaux) etL’éternité est un battement de cils, chez Actes Sud. A paraître au Marché de la poésie 2015, chez V. Rougier Dernières nouvelles d’Ulysse, chez Caractères Requiem allemand, 86 et au Castor astral La perte du temps


Delphine Lecompte. Photo Koen Broos

Delphine Lecompte (1978), née à Gand, dit d’elle-même : « Je suis une vérité qui ment toujours, » inversant le fameux dicton de Jean Cocteau : « Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité. » Le côté autobiographique dans ses poèmes est donc à prendre avec prudence. « Je suis tout le temps dans la confession, » dit-elle encore, « mais je glisse des mensonges dans ces confessions, et cela m’amuse. » Elle s’amuse aussi à éparpiller des notes biographiques fictives, par exemple sur le site de son éditeur anglais Thieves Jargon Press, où elle prétend être née en 1981 à Londres et s’être exilée en Belgique pour l’amour d’un singer-songwriter. On pourrait y croire, mais quand elle affirme en plus être une orpheline élevée par des loups, on comprend qu’elle se moque de nous. Delphine Lecompte a débuté en anglais avec le roman Kittens in the Boiler (Des chatons dans la chaudière, 2005). Ensuite, cinq recueils de poésie ont suivi en néerlandais : De dieren in mij (Les animaux en moi, 2009), couronné du Prix C. Buddingh’ au festival Poetry International à Rotterdam, Verzonnen prooi (Proie fabulée, 2010), Blinde gedichten (Poèmes aveugles, 2012), qui s’est vendu à 1500 exemplaires en un an, Schachten en amuletten (Puits et amulettes, 2013) et De baldadige walvis (La baleine vandale, 2014). [Jan H. Mysjkin dans Trois poètes flamands]


Elke de Rijke

Elke de Rijcke (1965) enseigne la littérature contemporaine, les actualités culturelles et l’esthétique à l’Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc et l’Ecole de Recherche Graphique à Bruxelles. Elle est écrivain et traductrice. Dans le cadre du Brussels Poetry Collective, elle travaille à deux longs poèmes érotiques, intitulés Valkenburg/Aan de Geul et Tes lèvres, qui ont été présentés au Passa Porta Festival en mars 2015. Pour le projet WeTraders – Swapping Crisis for City (2015), une collaboration entre Bozar et le Goethe-Institut, elle prépare au sein du Brussels Poetry Collective plusieurs textes poétiques sur la qualité de l’air. Dans le domaine de la traduction, elle finalise la traduction du néerlandais en français du recueil de poésie de Kees Ouwens, Du perdant & de la source lumineuse (1997), qui sera publié en 2015 à La Lettre Volée. Elle est membre du comité de conseil de la collection de Flandre pour la maison d’édition Tétras Lyre, et du comité de rédaction de la revue L’Etrangère. Publications récentes : collections Quarantaine (2014) et Västerås. DARK PASSAGE. Journal d’une désémancipation (2012).


Miriam Van hee

Miriam Van hee (1952) fait ses débuts en 1978 avec des poèmes qui parlent de nostalgie, de mélancolie et de solitude. A son mécontentement, les critiques la classent parmi les néoromantiques, qui constituent à ce moment-là le courant dominant dans la poésie flamande. Or, sa poésie n’est pas une fuite de la réalité, car Van hee s’attaque à des sujets réalistes. Son style est également très proche de la langue parlée, et paraît surtout circonspect. En cherchant ses mots, la poétesse cherche à se réconcilier avec le monde, s’accrochant pour cela aux choses familières. Le lecteur se croit à l’abri dans son monde : illusion souvent brusquement rompue. Son sixième recueil de poèmes, Achter de bergen (1996) reçoit en 1998 le Prix de la Culture de la Communauté flamande. Cette même année, ses poèmes sont rassemblés dans Het verband tussen de dagen : gedichten 1978-1996, dont un large choix a été traduit en français. Le dernier recueil Ook daar valt het licht a été publié en 2014. Van hee est également slaviste, et a traduit entre autres des textes de Mandelstam et Achmatova.


Laurence Vielle

Laurence Vielle « J’aime allier sur le plateau différentes écritures : l’image, la danse, les mots, la musique. Créer avec des gens que je retrouve sur mon chemin et qui l’empreintent, Monique Dorsel, la cie Carcara, Pietro Pizzuti, Claude Guerre, Laurent Fréchuret, Catherine Graindorge, David Giannoni, Magali Pinglaut, …. J’aime marcher dans mon quartier, dans les rues, les campagnes, et glaner ; il y a des glaneurs de légumes, de boutons, de cartes postales, de rebuts, de bouts de ficelles. Moi ce sont les mots, les mots des autres, les miens, et les rythmes du monde. Puis j’écris et j’aime dire ces mots-là. Je sens bien que le monde tourne de moins en moins rond ; j’aime aller y chercher, y traquer, y guetter les battements d’humanité. Ce sont mes tambours. Je tente d’y accorder mon cœur. »