MON TRAVAIL D'ÉCRIVAN N'AUTORISE À MES YEUX AUCUNE CONCESSION

lettre à Federico Mayor

Claude Simon

Éditeur :éditions du Chemin de fer


Livre

Langue d'origine :français

Format :13,5 x 18,0 cm

Nombre de pages :32

Date de parution :10/01/2025

ISBN :978-2-916130-50-8

Prix :9,50 €

Argumentaire :

En 1986, Claude Simon, convié par l’écrivain Chinghiz Aitmatov, accepte de participer au Forum d’Issyk-Kul, au Kirghizstan, en compagnie d’autres invités de marque, dont Peter Ustinov, James Baldwin et Arthur Miller. Dix-huit éminents créateurs du monde entier, les figures les plus célèbres et les plus importantes dans le domaine de la littérature, de la culture et de l’art de l’époque, sont réunis, en pleine Perestroïka, pour discuter, rien de moins, “aux objectifs de l’humanité dans le troisième millénaire à l’échelle mondiale” . Lors du voyage de retour, les invités sont reçus par Gorbatchev, à Moscou. Ulcéré par la vacuité des échanges et la démagogie des propos tenus lors du Forum, Claude Simon refuse de signer la déclaration finale du Forum d’Issyk-Kul et s’abstient de toute prise de parole lors de la visite au Kremlin.
Sur l’insistance de Federico Mayor, directeur adjoint de l’Unesco (il en deviendra le directeur général en 1987), qui lui envoie une version française de la déclaration quelque peu amendée, Claude Simon la paraphe finalement non sans écrire une longue lettre à Federico Mayor pour lui exposer ses nombreuses réserves. C’est cette lettre inédite que nous publions in extenso sous le titre “Mon travail d’écrivain n’autorise à mes yeux aucune concession” (Le Monde ne publia que des extraits, le 5 décembre 1986), accompagnée du fac-simile de la déclaration, version française, signée de tous.
La lettre de Claude Simon à Federico Mayor est un document considérable à plus d’un titre. D’abord, elle invite à nuancer une histoire littéraire qui a trop souvent associé le Nouveau Roman au “refus du politique” et réduit le rapport entre littérature et politique à un “engagement” dicté par une idéologie. Elle peut être aussi considérée comme une véritable profession de foi d’écrivain et d’intellectuel et poursuit la réflexion que Claude Simon avait amorcée l’année précédente en rédigeant le Discours de Stockholm pour la remise du prix Nobel. Elle exprime tout ensemble l’intégrité du chercheur et l’humilité du créateur ouvrier, en revendiquant une absolue liberté d’expression et d’action face à toute espèce de pouvoir, en exposant la foi en une littérature sans concession et sans condition, capable de changer la vie dans un monde qui sera rendu mieux habitable grâce aux bienfaits des arts et des lettres. Tel est le sens profond de ce courrier, à la détermination à la fois grave et d’une joyeuse ironie qu’il serait bon de méditer aujourd’hui, au risque de déplaire, de fâcher et de rester “un marginal”, “rejeté presque à l’unanimité dans [son] propre pays” comme l’écrit Claude Simon.