PERSONNE

PERSONNE

Antoine Émaz



Éditeur :Unes


Livre

Langue d'origine :Français

Format :15,0 x 21,0 cm

Nombre de pages :64

Date de parution :06/05/2020

ISBN :9782877042147

Prix :16,00 €

Argumentaire :

"Personne" réunit une série de textes publiés par Antoine Emaz en éditions limitées, la plupart dans les deux dernières années de sa vie. Au travers de vers brefs, émaciés, tenus par un fil fragile et esseulé, Antoine Emaz touche à la porosité, au calme effritement de l’existence. À marée basse il observe le repli des silhouettes sur la plage, regarde sans la retenir une forme du monde disparaître. Ces êtres lentement dévitalisés dans le ressassement lancinant du paysage, traversent les poèmes comme des fantômes. Nous ne sommes que des passants, « rien d’autre ». Il faudrait tenir contre le vent, qui balaie les corps, balaie la mémoire. Mais tout s’efface dans « le peu de poids des jours », les visages, les souvenirs se délavent au soleil, rejoignent la clarté ouverte, la transparence de l’air. Les poèmes eux-mêmes semblent présenter deux visages : ils s’écrivent autant en mots qu’en creux, épousent le flux et le reflux des vagues et chaque parole adressée paraît tendre vers la vie – lecteur comme frère, écho baudelairien – avant de se retirer dans le silence. C’est une douce et triste traversée, celle des présences discrètes, des objets familiers, des paysages immobiles. Et du linge qui sèche dans l’air au-dehors, claque dans le vent, dans la lumière, comme un « long linceul ». Tout au bout de cette lente présence du regard, entre évocations tangibles et oscillations sensibles, au final « on est seul à passer ».

« Antoine Emaz nous a quittés en 2019. La parution, début juin chez Unes, de Personne offre une occasion d’entendre encore un peu sa voix. Le recueil, composé de cinq poèmes jusqu’ici seulement édités en micro-tirages – l’un datant de 1996, les autres des années 2017 et 2018 –, fait doublement écho à son titre : personne, c’est à la fois quelqu’un et aucun. Ici, la dépersonnalisation est la condition d’accès aux choses, à sa beauté et à sa fatalité. »
Youness Bousenna, Télérama, juillet 2020

« Il y a là tout un travail d’épure, une langue précise, imagée, axée sur l’essentiel : la justesse d’un instant vécu, que les mots dans leur réalité nous aident à pressentir. Dire le monde, et cela même sans perdre de vue de l’observer, d’en saisir l’exactitude, le mouvement des vagues, ou l’agitation du vent qui va et vient dans le feuillage d’un arbre. [...] Ce qui s’avère de prime abord tenir à peu, n’être la parole de personne, car il n’importe, se révèle porteur d’une expérience, l’écho d’une pulsation, le pouls même d’un cœur qui bat. »
Emmanuelle Rodrigues, Le Matricule des Anges, juillet-août 2020

« Avec le soupçon et l’incertitude de soi comme outils de précision, le poète minimaliste avance courageusement, à portée du vide, taillant d’intenses bribes de presque-rien dans lesquelles tant s’éclaire. »
Estelle Lenartowicz, Lire, mai 2020

« Sa poésie dit la fragilité de l’écriture et de la vie, ses douleurs, son attention extrême aux mouvements du monde, de soi et de la solitude. Une belle manière d’entrer, à bas bruits, dans son univers. »
Stéphane Bataillon, La Croix Hebdo, mai 2020

« Antoine Emaz réussit ce tour de force de ne pas donner l’impression de parler de lui au moment même où il fait cette expérience si singulière de sa mort annoncée, et qui avance. Ce silence qu’il maintient sur sa situation personnelle participe d’un désir d’atteindre les autres, de parler à tous, pour tous, mais il sait aussi que nous sommes toujours tout seuls. [...] Rarement la disparition d’un individu aura été dite en des termes aussi sobres, à hauteur d’homme, comme ici. »
Thierry Romagné, Quinzaines, Juillet 2020

Biographie ou Bibliographie de l'auteur :

Antoine Emaz est né en 1955 à Paris. Dans la lignée de Pierre Reverdy, il pousse son écriture vers une dépersonnalisation qui s’exprime par la retenue du sujet, le refus du lyrisme et un attachement aux objets du quotidien. Ses livres expriment avec discrétion une tension de vivre, entre observations ordinaires et creusement du réel. Il commence à publier au milieu des années 1980 et devient rapidement une figure incontournable de la poésie contemporaine. Il est l’auteur d’une œuvre importante, publiée chez de nombreux éditeurs : Fourbis (En deçà 1990), Deyrolle (C'est 1992, Entre 1995, Boue 1997), Le Dé bleu (Peu importe 1993), Tarabuste, (Soirs 1999, Ras 2001, Plaie 2009, Limite 2016…). Une anthologie de ses poèmes, Caisse claire, poèmes 1990-1997 a été réunie par François-Marie Deyrolle en 2006 (Points poésie, Le Seuil). Antoine Emaz est également l’auteur d’études littéraires sur André du Bouchet, Eugène Guillevic ou encore Pierre Reverdy, et de nombreuses critiques de poésie contemporaine, ainsi que de livres de notes publiés notamment aux éditions Rehauts et du Seuil. Il a par ailleurs collaboré à de nombreux livres d’artistes. Il meurt en 2019 à Angers où il vivait.