DIT LA FEMME DIT L'ENFANT

DIT LA FEMME DIT L'ENFANT

Christiane Veschambre



Éditeur :éditions isabelle sauvage


Livre

Langue d'origine :français

Format :14,0 x 20,0 cm

Nombre de pages :102

Date de parution :21/02/2020

ISBN :978-2-490385-09-6

Prix :16,00 €

Argumentaire :

Chaque livre de Christiane Veschambre porte en lui l’interrogation de l’écriture, ses manifestations, sa nécessité, son surgissement : d’où écrit-on ? Dit la femme dit l’enfant creuse cette question une nouvelle fois, sous la forme inattendue d’un dialogue, voire d’une pièce de théâtre intérieur.
Une enfant apparaît au seuil d’une pièce où se tient une femme. Elle reste à la lisière de cet « autre monde », une « mer de tapis ». « D’où viens-tu » est la première phrase du texte, question que la femme pose à l’enfant. Un échange commence entre elles, oscillant entre le monologue intérieur et le dialogue ; la femme tutoie l’enfant et l’enfant s’en tient au pronom « elle » ou à « la dame », utilisant quelquefois le vouvoiement (et une fois le tutoiement mais le quittant aussitôt). Les voix alternent, chaque fois ponctuées de « dit la femme », « dit l’enfant ». Toujours, elles se répondent.
La femme parle parfois au futur : elle sait (« le gilet que tu perdras »), mais pas l’enfant (« et, je ne le sais pas, cette ignorance sera ma singularité »). Si la femme reconnaît l’enfant (« Tu es mon intime autant que mon étrangère »), a peur de l’effrayer, si l’enfant hésite à franchir le seuil de l’inconnu(e), s’en protège en même temps qu’il l’attire, bientôt leurs deux « mondes », « celui où l’on écrit les livres » et « la vie de hlm » se révèlent moins opposés, davantage poreux. C’est que le temps n’est pas linéaire ici : présent, passé, futur se croisent, se superposent.
Plus on avance et plus on assiste à la superposition (avant que les voix n’en fassent plus qu’une) en même temps qu’à un retournement : davantage que l’enfant qui doit arpenter l’étranger qui s’ouvre en elle, c’est la femme qui se sent acculée sur le seuil : « Tu es au bord. Moi aussi. Pas le même. » Et c’est bien de cela qu’il s’agit pour la femme, « revenir là où j’étais quand tu étais là aussi », « pour que trouve voix l’incommunicable » « par l’usage humble et tendu de ma langue commune ».
Sans doute Christiane Veschambre ne se sera-t-elle encore jamais autant livrée, bien que tout en pudeur, sur les origines intimes de son écriture, se retournant sur ses chemins, ré-arpentant ses traverses. Et l’on ne peut que reprendre ce très beau parallèle qu’elle fait avec La Jetée de Chris Marker : la femme retourne au bout de la jetée, maintenant de toutes ses forces ce surgissement en elle, cette émotion jamais éteinte « poing serré, resserré autour de la langue qui file alors comme la lanière du fouet lorsqu’elle est libérée ».

Biographie ou Bibliographie de l'auteur :

Christiane Veschambre, née en 1946, a cofondé et dirigé deux revues, Land et Petite. Elle a publié une quinzaine d’ouvrages : outre Le Lais de la traverse (éditions Des femmes, 1979) ou Passagères (Ubac, 1986), plusieurs volumes au Préau des collines (La Griffe et les Rubans, La Maison de terre… et, en 2017, Ils dorment), et deux titres remarqués chez Cheyne éditeur : Les Mots pauvres (1996) et Robert & Joséphine (2008, prix des Explorateurs 2009). Dit la femme dit l’enfant est son quatrième publié aux éditions isabelle sauvage après Versailles Chantiers en 2014 (avec des photographies de Juliette Agnel, prix Foulon-de-Vaulx de l’Académie des Lettres de Versailles 2015), Basse langue et Écrire, un caractère, respectivement en 2016 et en 2018, dans la même collection. En 2018 elle est l’une des trois femmes dont Emmanuel Falguières retrace certains « morceaux de vie » dans un très beau film documentaire creusant la question de la mémoire et de l’écriture intitulé Nulle part avant.