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PAROLES AILES DEPLOYÉES

Pawol zel démaré

Daniel Boukman

Éditeur :apic éditions


Livre

Langue d'origine :Créole

Format :14,0 x 19,0 cm

Nombre de pages :150

Date de parution :13/03/2025

ISBN :978-9969-525-16-8

Prix :17,00 €

Argumentaire :

Il est, jalonnant le parcours d’une vie, des moments qui déterminent le devenir d’une existence.

Je suis né en 1936 à Fort-de-France, en Martinique dans une famille appartenant à la petite bourgeoisie. Comme tous ceux issus de cette classe, mon enfance et mon adolescence se sont déroulées dans un contexte idéologique nourri d’aliénation identitaire néfaste. En un mot, je me croyais français.

1954-1961
J’ai 18 ans. En 1954, je quitte la Martinique pour poursuivre mes études à l’Université de Paris-Sorbonne. La même année, débute la guerre coloniale d’Algérie dont l’écho des exactions détruira définitivement le mythe de la « France-nos-ancêtres-les-Gaulois » qui, pendant tant d’années, intoxiqua ma jeunesse.

Et ma militance patriotique au sein de l’AGEM (Association Générale des Étudiants Martiniquais) va amplifier cette destruction « matricielle », si bien que, en octobre 1961, refusant de répondre à l’appel sous leur drapeau, j’entre en insoumission. Clandestinement, je regagne le Maroc où m’accueille le Front de Libération National algérien. En cette période, je ne me sens l’objet d’aucune inspiration littéraire.

1962-1981
L’Algérie indépendante m’ouvre ses bras. De 1962 à 1965, j’intègre le TUA (Théâtre Universitaire Algérien). C’est là que je m’initie à l’art dramatique.

1966-1981 : Sous l’égide du Ministère de l’Éducation Nationale Algérien, j’enseigne le français au lycée Ibn Toumert de Boufarik. Une période où, professionnellement, j’exerce avec mes élèves le fructueux échange du « donner-recevoir »... Époque où, à Alger, Oran, je fréquente en toute fraternité le cercle de comédiens, romanciers, poètes, plasticiens, cinéastes dont l’effervescente production va sans nul doute fortifier ma « vocation » d’écrivain militant culturel.

C’est en ces temps-là que j’ai écrit, en français, mes premières pièces — par la suite éditées : Chants pour hâter le temps de la mort des Orphée (1967), approche critique de la négritude ; Les Négriers (1971), chronique d’une émigration forcée ; Ventres pleins ventres creux (1971), dénonciation de l’impérialisme occidental ; Jusqu’à la dernière pulsation de nos veines (1976), hommage à la lutte du peuple palestinien ; La véridique histoire de Hourya (publiée en 2004), le rôle de la femme algérienne pendant la colonisation, la guerre de libération et son devenir après l’indépendance.

1981 : Je m’arrache à Algérie. Amnistié, je regagne la France. Je rejoins l’émigration antillo-guyanaise au sein de laquelle, « boosté » par mon séjour algérien, je réalise des émissions radiophoniques, rédige des articles, anime des rencontres-débats, organise des expositions commémoratives, activités entrecoupées de voyages en Martinique.

2000
J’effectue mon retour en terre natale où, après 46 fructueuses années d’exil, plus que jamais écrivain militant culturel martiniquais, je me ré-enracine, et l’Arbre offre ses branches aux chants d’oiseaux salvateurs...

Pawol zel démaré / Paroles ailes déployées, c’est comme le jeu mobile d’un kaléidoscope dont l’essentielle unité demeure perceptible à l’écoute de ceux, de celles qui savent écouter.

Et si, dans ces pages, se trouvent juxtaposées langue créole langue française, c’est pour dire qu’écrivain militant créolo-francophone, je suis. Cependant, j’affirme que pour la langue créole martiniquaise, j’ai une tendresse infinie et cette infinie tendresse ne cesse de fleurir et fructifier.

Qu’en pays Martinique, chacun-e écrive selon la langue — selon les langues — que lui dicte sa conscience. Pour ma part, je ne voudrais pas que me soit jamais fait reproche de n’avoir pas porté assistance à langue en danger de mort insidieuse.

Alors, tu comprendras — du moins je le souhaite — pourquoi Pawol zel démaré / Paroles ailes déployées volontiers donne place à des mots écrits en créole sans toutefois frapper d’irrespect ceux coulés dans un moule français.

Et si j’ai, entre autres, un regret à formuler, c’est celui de ne pouvoir faire aussi mienne ces autres langues de notre région caraïbe où parlée, écrite, chantée, langue anglaise, espagnole, française, créole(s), avec force et beauté, diront, un jour, tels les voix d’un même chœur, ce qu’au sein de nos peuples il y a de meilleur.

Biographie ou Bibliographie de l'auteur :

DANIEL BOUKMAN (Fort-de-France, 1936) est un écrivain martiniquais, auteur de nombreuses pièces de théâtre, de recueil de poèmes en français et en créole. En Algérie (où il a vécu près de 20 ans), il a mené une vie de militant, d’animateur et critique cinématographique, d’enseignant et de dramaturge. En France comme en Martinique, il n’a cessé de s’engager pour la défense et la promotion de la langue et de la culture créole à travers ses activités au sein d’associations et dans les médias. En 1992, il a reçu le Prix Carbet de la Caraïbe pour l'ensemble de son œuvre.